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ROUERIE

dix mille francs, et je ne la reverrai plus. Au fait, je commence à en avoir assez. »

Le croiriez-vous, cela me désolait la veille d’avoir un enfant de cette femme, et j’étais irrité, honteux, blessé maintenant de n’en plus avoir. Je me trouvais libre, délivré de toute obligation, de toute inquiétude ; et je me sentais furieux.

Mon frère, le lendemain, l’attendit dans mon cabinet. Elle entra vivement comme d’habitude, courant à lui les bras ouverts, et s’arrêta net en l’apercevant.

Il salua, et s’excusa.

— Je vous demande pardon. Madame, de me trouver ici à la place de mon frère ; mais il m’a chargé de vous demander des explications qu’il lui aurait été pénible d’obtenir lui-même.

Alors, la fixant au fond des yeux, il dit brusquement :

— Nous savons que vous n’avez pas d’enfant de lui.

Après le premier moment de stupeur, elle avait