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L’ORPHELIN

s’en aperçut, elle le sentit, elle le devina. Comment ? N’importe ! Elle était sûre de ne s’être point trompée ; mais elle n’aurait pu dire en quoi les pensées inconnues de cet étrange garçon avaient changé.

Il lui semblait qu’il avait été jusque-là comme un homme hésitant qui aurait pris tout à coup une résolution. Cette idée lui vint un soir en rencontrant son regard, un regard fixe, singulier, qu’elle ne connaissait point.

Alors il se mit à la contempler à tout moment, et elle avait envie de se cacher pour éviter cet œil froid, planté sur elle.

Pendant des soirs entiers il la fixait, se détournant seulement quand elle disait, à bout de force :

— Ne me regarde donc pas comme ça, mon enfant !

Alors il baissait la tête.

Mais dès qu’elle avait tourné le dos, elle sen-