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CELLES QUI OSENT.

mais comme nous ne pouvons cueillir, hélas ! toutes ces fleurs en même temps, la nature a mis en nous l’amour, la toquade, le caprice fou, qui nous les fait désirer à tour de rôle, augmentant ainsi la valeur de chacune à l’heure de l’affolement.

Or, l’affolement chez nous devrait, me semble-t-il, être limité à la période d’attente. Le désir satisfait ayant supprimé l’inconnu, enlève à l’amour sa plus grande valeur.

Chaque femme conquise nous prouve, une fois de plus, que toutes sont à peu près pareilles entre nos bras. Les idéalistes surtout qui courent sans cesse après l’illusion rêvée, ne devraient-ils pas être atterrés au lendemain de chaque possession. Nous autres qui demandons moins à l’amour, nous aurions le droit de lui être plus reconnaissants du peu qu’il donne aux hommes intelligents et difficiles.

La constance conduit au mariage ou à la chaîne.

Rien dans la vie ne me semble plus attristant et plus pénible que ces liaisons de longue durée.

Le mariage supprime d’un coup, quand on le prend sérieusement, la possibilité des désirs nouveaux, toutes les tendresses à venir,