Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson, OC, Conard, 1909.djvu/94

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Elle était fort pâle, tremblante, prête assurément à toutes les folles. Quant à lui, je le voyais pâlir aussi, pâlir de colère et d’exaspération, prêt, peut-être, à toutes les violences.

Il demanda :

— Qu’est-ce que vous voulez ?

Elle répondit :

— Je ne veux pas être traitée comme une fille. Vous m’avez implorée, vous m’avez prise. Je ne vous demandais rien. Gardez-moi !

Il frappa du pied :

— Non, c’est trop fort ! Si tu crois que tu vas…

Je lui avais saisi le bras.

— Tais-toi, Jean. Laisse-moi faire.

J’allai vers elle, et doucement, peu à peu, je lui parlai raison, je vidai le sac des arguments qu’on emploie en pareille circonstance. Elle m’écoutait, immobile, l’œil fixe, obstinée et muette.

À la fin, ne sachant plus que dire, et voyant que la scène allait mal finir, je m’avisai d’un dernier moyen. Je prononçai :

— Il t’aime toujours, ma petite ; mais sa famille veut le marier, et tu comprends !…

Elle eut un sursaut :

— Ah !… ah !… je comprends alors…