Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/149

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plus de trois cents litres. J’ dis tout de même : « C’est trop cher. »

Il répond : « J’ peux pas à moins. J’y perdrais. »

Vous comprenez : on n’est pas marchand de cochons pour rien. On connaît son métier. Mais s’il est ficelle, le vendeux de lard, moi je suis fil, vu que j’en vends. Ah ! ah ! ah ! Donc je lui dis : « Si elle était neuve, j’ dis pas ; mais a t’a servi, pas vrai, donc c’est du r’tour. J’ t’en donne quinze cents francs l’ mètre cube, pas un sou de plus. Ça va-t-il ? »

Il répond : « Ça va. Tope là ! »

J’ tope et nous v’là partis, bras dessus, bras dessous. Faut bien qu’on s’entr’aide dans la vie.

Mais eune peur me vint : « Comment qu’ tu vas la litrer à moins d’ la mettre en liquide ? »

Alors i m’explique son idée, pas sans peine, vu qu’il était bu. Il me dit : « J’ prends un baril, j’ l’emplis d’eau rasibus. Je la mets d’dans. Tout ce qui sortira d’eau, je l’ mesurerons, ça fait l’ compte. »