Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/176

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— Voyez-vous, la Martine, ça ne peut plus durer comme ça.

Elle répondit, comme en se moquant de lui :

— Qu’est-ce qui ne peut plus durer, Benoist ?

Il reprit : — Que je pense à vous tant qu’il y a d’heures au jour.

Elle posa ses poings sur ses hanches : — C’est pas moi qui vous force.

Il balbutia : — Oui, c’est vous ; je n’ai plus ni sommeil, ni repos, ni faim, ni rien.

Elle prononça très bas :

— Qu’est-ce qu’il faut, alors, pour vous guérir de ça ?

Il resta saisi, les bras ballants, les yeux ronds, la bouche ouverte.

Elle lui tapa un grand coup de main dans l’estomac et s’enfuit en courant.

À partir de ce jour, ils se rencontrèrent le long des fossés, dans les chemins creux, ou bien, au jour tombant, au bord d’un champ, alors qu’il rentrait avec ses chevaux et qu’elle ramenait ses vaches à l’étable.