Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/194

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ferma la bouche par une semonce si violente qu’il dut se taire.

Puis elle reprit :

— Nous dînons à six heures, tu es libre jusqu’au dîner. Je ne puis te tenir compagnie parce que j’ai pas mal de choses à faire.

Resté seul, il hésita entre dormir ou se promener. Il regardait tour à tour la porte conduisant à sa chambre et celle conduisant à la rue. Il se décida pour la rue.

Donc il sortit et se mit à rôder, d’un pas lent, le sabre sur les mollets, par la triste ville bretonne, si endormie, si calme, si morte au bord de sa mer intérieure, qu’on appelle « le Morbihan ». Il regardait les petites maisons grises, les rares passants, les boutiques vides, et il murmurait : « Pas gai, pas folichon, Vannes. Triste idée de venir ici ! »

Il gagna le port, si morne, revint par un boulevard solitaire et désolé, et rentra avant cinq heures. Alors il se jeta sur son lit pour sommeiller jusqu’au dîner.