Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

murmurait : « Nom d’un nom, d’un nom, d’un nom, quelle corvée ! »

Et il se mit à la recherche d’un café, du meilleur café de la ville. Il le trouva, sur une place, derrière deux becs de gaz. Dans l’intérieur, cinq ou six hommes, des demi-messieurs peu bruyants, buvaient et causaient doucement, accoudés sur de petites tables, tandis que deux joueurs de billard marchaient autour du tapis vert où roulaient les billes en se heurtant.

On entendait leur voix compter : « Dix-huit, — dix-neuf. — Pas de chance. — Oh ! joli coup ! bien joué ! — Onze. — Il fallait prendre par la rouge. — Vingt. — Bille en tête, bille en tête. — Douze. Hein ! j’avais raison ? »

Varajou commanda : « Une demi-tasse et un carafon de fine, de la meilleure. »

Puis il s’assit, attendant sa consommation.

Il était accoutumé à passer ses soirs de liberté avec ses camarades, dans le tapage et la fumée des pipes. Ce silence, ce calme l’exaspéraient. Il se mit à boire, du café d’abord ; puis son carafon