Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

hommes qui passent dans la vie sans jamais en comprendre les dessous, les nuances et les subtilités, qui ne devinent rien, ne soupçonnent rien, et n’admettent pas qu’on pense, qu’on juge, qu’on croie et qu’on agisse autrement qu’eux.

Mlle Laurine le vit, le pénétra tout de suite et l’accepta pour mari.

Ils firent un excellent ménage. Elle fut souple, adroite et sage, sachant se montrer telle qu’elle devait être, toujours prête aux bonnes œuvres et aux fêtes, assidue à l’église et au théâtre, mondaine et rigide, avec un petit air d’ironie, avec une lueur dans l’œil en causant gravement avec son grave époux. Elle lui racontait ses entreprises charitables avec tous les abbés de la paroisse et des environs, et elle profitait de ces pieuses occupations pour demeurer dehors du matin au soir.

Mais quelquefois, au milieu du récit de quelque acte de bienfaisance, un fou rire la saisissait tout d’un coup, un rire nerveux impossible à contenir. Le capitaine demeurait surpris, inquiet,