Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/225

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— Oui, je me suis grisé.

Elle avait pris un air sévère :

— Mais là, tout à fait grisé, avouez-le, grisé à ne plus marcher, dites ?

— Oh ! non, pas tant que ça. J’avais perdu la raison, mais non l’équilibre. Je parlais, je riais, j’étais fou.

Comme il se taisait, elle demanda :

— C’est tout ?

— Non.

— Ah ! et… après ?

— Après… j’ai… j’ai commis une infamie.

Elle le regardait, inquiète, un peu troublée, émue aussi.

— Quoi donc, mon ami ?

— Nous avons soupé avec… avec des actrices… et je ne sais comment cela s’est fait, je vous ai trompée, Laurine !

Il avait prononcé cela d’un ton grave, solennel.

Elle eut une petite secousse, et son œil s’éclaira d’une gaieté brusque, d’une gaieté profonde, irrésistible.