Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/36

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cadre contenant la croix d’honneur donnée par l’Empereur lui-même, la barbe d’un cosaque cueillie d’un seul coup de sabre au menton de son propriétaire par le commandant, pendant la retraite de Russie.

Le corps qu’il commandait était d’ailleurs un corps d’élite célèbre dans toute la province, et la compagnie des grenadiers de Gisors se voyait appelée à toutes les fêtes mémorables dans un rayon de quinze à vingt lieues. On raconte que le roi Louis-Philippe, passant en revue les milices de l’Eure, s’arrêta émerveillé devant la compagnie de Gisors, et s’écria : « Oh ! quels sont ces beaux grenadiers ?

— Ceux de Gisors, répondit le général.

— J’aurais dû m’en douter », murmura le roi.

Le commandant Desbarres s’en vint donc avec ses hommes, musique en tête, chercher Isidore dans la boutique de sa mère.

Après un petit air joué sous ses fenêtres, le Rosier lui-même apparut sur le seuil.