Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/57

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perplexe. Elle lisait une chronique de Scholl. Diable ! c’était une scholliste – une scholliste ? Elle se mit à sourire : une gauloise. Alors pas bégueule, bon enfant. Très bien. Une scholliste – oui, ça aime l’esprit français, la finesse et le sel, même le poivre. Bonne note. Et je pensai : voyons la contre-épreuve.

J’allai m’asseoir auprès d’elle et je me mis à lire, avec non moins d’attention, un volume de poésies que j’avais acheté au départ : la Chanson d’amour, par Félix Frank.

Je remarquai qu’elle avait cueilli le titre sur la couverture, d’un coup d’œil rapide, comme un oiseau cueille une mouche en volant. Plusieurs voyageurs passaient devant nous pour la regarder. Mais elle ne semblait penser qu’à sa chronique. Quand elle l’eut finie, elle posa le journal entre nous deux.

Je la saluai et je lui dis :

– Me permettez-vous, madame, de jeter un coup d’œil sur cette feuille ?

– Certainement, monsieur.