Page:Maupassant - Les Femmes de théâtre, paru dans Le Gaulois, 1er février 1882.djvu/12

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Un lord, un très noble lord, séduit par la grâce merveilleuse de cette femme charmante autant que par son talent exceptionnel, l’invita chez lui, à une soirée dont sa femme faisait les honneurs.

L’actrice, qui est mère, amena son fils avec elle, et, lorsque la grande dame anglaise, rigide et prude comme toutes ses maigres compatriotes, s’avança pour la voir, elle présenta le jeune homme : « Mon fils, milady. » L’Anglaise rougit d’indignation, et, d’un ton sec : « Je vous demande pardon, madame ; jusqu’ici, je vous avais appelée mademoiselle, je vois que je m’étais trompée. » L’actrice ne se troubla point devant la réponse insolente ; elle sourit, au contraire, et, de sa voix exquise, si douce qu’elle prend tous les cœurs, elle reprit : « Oh ! non, milady, caprice d’amour. » L’Anglaise aussitôt s’enfuit et ne reparut plus.