Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/140

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s’occupait uniquement le notaire, qu’elle avait laissé prendre son cœur sans se demander si elle donnerait plus un jour.

Puis, après des mois d’amour platonique, de mains pressées, de baisers rapides volés derrière une porte, le capitaine avait déclaré qu’il quitterait immédiatement la ville en demandant son changement s’il n’obtenait pas un rendez-vous, un vrai rendez-vous, dans l’ombre des arbres, pendant l’absence du mari.

Elle avait cédé ; elle avait promis.

Elle l’attendait maintenant, blottie contre le mur, le cœur battant, tressaillant aux moindres bruits.

Tout à coup elle entendit qu’on escaladait le mur, et elle faillit se sauver. Si ce n’était pas lui ? Si c’était un voleur ? Mais non ; une voix appelait doucement « Mathilde ». Elle répondit « Étienne ». Et un homme tomba dans le chemin avec un bruit de ferraille.

C`était lui ! quel baiser !

Ils demeurèrent longtemps debout, enlacés, les lèvres unies. Mais, tout à coup, une pluie fine se mit à tomber, et les gouttes glissant de feuille en feuille faisaient dans l’ombre un frémissement d’eau. Elle tressaillit lorsqu’elle reçut la première goutte sur le cou.

Il lui disait : « Mathilde, ma chérie, mon adorée,