Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/144

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mère, afin qu’elle pût sans cesse veiller sur lui.

Le capitaine, fou d’ardeur, n’écoutait pas. « Qu’importe ? qu’importe ? je t’aime ; tu es à moi, Mathilde. »

Mais elle se débattait, désolée, épouvantée. « Non, non ! écoute comme il crie ; il va réveiller la nourrice. Si elle venait, que ferions-nous ? Nous serions perdus ! Étienne, écoute, quand il fait ça, la nuit, son père le prend dans notre lit pour le calmer. Il se tait tout de suite, tout de suite, il n’y a pas d’autre moyen. Laisse-moi le prendre, Étienne… »

L’enfant hurlait, poussait ces clameurs perçantes qui traversent les murs les plus épais, qu’on entend de la rue en passant près des logis.

Le capitaine, consterné, se releva, et Mathilde, s’élançant, alla chercher le mioche qu’elle apporta dans sa couche. Il se tut.

Étienne s’assit à cheval sur une chaise et roula une cigarette. Au bout de cinq minutes à peine, André dormait. La mère murmura : « Je vais le reporter maintenant. » Et elle alla reposer l’enfant dans son berceau avec des précautions infinies.

Quand elle revint, le capitaine l’attendait les bras ouverts.