Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/167

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avait soudain lâché son croûton comme s’il était devenu empoisonné.

M. Sauvetanin déclara gravement, pour sauver la situation : « Le dernier couplet est de trop ». Le père Taille, rouge jusqu’aux oreilles, roulait des regards féroces autour de lui.

Alors Anna, qui avait les yeux pleins de larmes dit aux valets d’une voix mouillée, d’une voix de femme qui pleure : « Apportez le champagne. »

Aussitôt une joie secoua les invités. Les visages redevinrent radieux. Et comme le père Touchard, qui n’avait rien vu, rien senti, rien compris, brandissait toujours son pain et chantait tout seul, en le montrant aux convives :


Chers enfants, gardez-vous de toucher ce pain-là.


toute la noce, électrisée en voyant apparaître les bouteilles coiffées d’argent, reprit avec un bruit de tonnerre :


Chers enfants, gardez-vous de toucher ce pain-là !