Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle le prit, dégrafa l’anneau et secoua les plis. Mais elle demeura saisie d’émotion. Un trou rond, grand comme un centime, lui apparut au milieu du parapluie. C’était une brûlure de cigare.

Elle balbutia :

— Qu’est-ce qu’il a ?

Son mari répondit tranquillement, sans regarder :

— Qui ? quoi ? Que veux-tu dire ?

La colère l’étranglait maintenant ; elle ne pouvait plus parler :

— Tu… tu… tu as brûlé… ton… ton… parapluie. Mais tu… tu… tu es donc fou !… Tu veux nous ruiner !

Il se retourna, se sentant pâlir :

— Tu dis ?

— Je dis que tu as brûlé ton parapluie. Tiens !…

Et, s’élançant vers lui comme pour le battre, elle lui mit violemment sous le nez la petite brûlure circulaire.

Il restait éperdu devant cette plaie, bredouillant :

— Ça, ça… qu’est-ce que c’est ? Je ne sais pas, moi ! Je n’ai rien fait, rien, je te le jure. Je ne sais pas ce qu’il a moi, ce parapluie !

Elle criait maintenant :