Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/215

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exposés chaque jour à subir des avaries par la flamme.

Elle devint rouge, sentant la colère l’envahir :

— Mais, monsieur, nous avons eu au mois de décembre dernier un feu de cheminée qui nous a causé au moins pour cinq cents francs de dégâts ; M. Oreille n’a rien réclamé à la compagnie ; aussi il est bien juste aujourd’hui qu’elle me paie mon parapluie !

Le directeur, devinant le mensonge, dit en souriant :

— Vous avouerez, madame, qu’il est bien étonnant que M. Oreille, n’ayant rien demandé pour un dégât de cinq cents francs, vienne réclamer une réparation de cinq ou six francs pour un parapluie.

Elle ne se troubla point et répliqua :

— Pardon, monsieur, le dégât de cinq cents francs concernait la bourse de M. Oreille, tandis que le dégât de dix-huit francs concerne la bourse de Mme Oreille, ce qui n’est pas la même chose.

Il vit qu’il ne s’en débarrasserait pas et qu’il allait perdre sa journée, et il demanda avec résignation :

— Veuillez me dire alors comment l’accident est arrivé.

Elle sentit la victoire et se mit à raconter :

— Voilà, monsieur ; j’ai dans mon vestibule une espèce de chose en bronze où l’on pose les parapluies