Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/280

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Elle s’efforçait de le lui arracher, éperdue, bagayant :

« Écoute… écoute… donne-moi ça… Je ne peux pas te dire… c’est un secret… écoute. »

Mais il se fâchait, devenait pâle : « Je veux savoir comment ce paletot est ici ! Ce n’est pas le mien. »

Alors, elle lui cria dans la figure : « Si, tais-toi, jure-moi… écoute… eh bien, tu es décoré ! »

Il eut une telle secousse d’émotion qu’il lâcha le pardessus et alla tomber dans un fauteuil.

— « Je suis… tu dis… je suis… décoré. »

— « Oui… c’est un secret, un grand secret… »

Elle avait enfermé dans une armoire le vêtement glorieux, et revenait vers son mari, tremblante et pâle. Elle reprit : « Oui, c’est un pardessus neuf que je t’ai fait faire. Mais j’avais juré de ne te rien dire. Cela ne sera pas officiel avant un mois ou six semaines. Il faut que ta mission soit terminée. Tu ne devais le savoir qu’à ton retour. C’est M. Rosselin qui a obtenu ça pour toi… »

Sacrement, défaillant, bégayait : « Rosselin… décoré. Il m’a fait décorer… moi… lui… Ah !… »

Et il fut obligé de boire un verre d’eau.

Un petit papier blanc gisait par terre, tombé de la poche du pardessus. Sacrement le ramassa, c’était