Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/286

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dans l’Inde centrale. Le gouvernement anglais me donna tous les moyens nécessaires pour venir à bout de mon entreprise et je m’enfonçai bientôt avec une suite de quelques hommes dans ce pays étrange, surprenant, prodigieux.

Il faudrait vingt volumes pour raconter ce voyage. Je traversai des contrées invraisemblablement magnifiques ; je fus reçu par des princes d’une beauté surhumaine et vivant dans une incroyable magnificence. Il me sembla pendant deux mois, que je marchais dans un poème, que je parcourais un royaume de féeries sur le dos d’éléphants imaginaires. Je découvrais au milieu des forêts fantastiques des ruines invraisemblables ; je trouvais, en des cités d’une fantaisie de songe, de prodigieux monuments, fins et ciselés comme des bijoux, légers comme des dentelles et énormes comme des montagnes, ces monuments, fabuleux, divins, d’une grâce telle qu’on devient amoureux de leurs formes ainsi qu’on peut être amoureux d’une femme, et qu’on éprouve à les voir, un plaisir physique et sensuel. Enfin, comme dit M. Victor Hugo, je marchais tout éveillé dans un rêve.

Puis j’atteignis enfin le terme de mon voyage, la ville de Ganhara, autrefois une des plus prospères de