Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/304

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ma petite amie. Enfin, je dus en prendre mon parti.

Le prince, désolé, organisa de nouvelles chasses, de nouveaux combats de lutteurs ; mais, après quinze jours de ces plaisirs, je déclarai que je ne pouvais demeurer davantage, et il me laissa ma liberté.

Les adieux de Châli furent déchirants. Elle pleurait, couchée sur moi, la tête dans ma poitrine, toute secouée par le chagrin. Je ne savais que faire pour la consoler, mes baisers ne servant à rien.

Tout à coup j’eus une idée, et, me levant, j’allai chercher la boîte aux coquillages que je lui mis dans les mains. « C’est pour toi. Elle t’appartient. »

Alors, je la vis d’abord sourire. Tout son visage s’éclairait d’une joie intérieure, de cette joie profonde des rêves impossibles réalisés tout à coup.

Et elle m’embrassa avec furie.

N’importe, elle pleura bien fort tout de même au moment du dernier adieu.

Je distribuai des baisers de père et des gâteaux à tout le reste de mes femmes, et je partis.