Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/40

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les creux de son visage, sur les ailes du nez, dans la fossette du menton, aux coins des yeux.

Quand elle se leva, elle répandit une odeur si violente que j’eus une sensation de migraine.

Et on se mit à table pour souper. Paul était devenu d’une humeur exécrable. Je n’en pouvais tirer que des paroles de blâme, des appréciations irritées ou des compliments désagréables.

Mlle Francesca mangeait comme un gouffre. Dès qu’elle eut achevé son repas, elle s’assoupit sur le canapé. Cependant, je voyais venir avec inquiétude l’heure décisive de la répartition des logements. Je me résolus à brusquer les choses, et m’asseyant auprès de l’Italienne, je lui baisai la main avec galanterie.

Elle entr’ouvrit ses yeux fatigués, me jeta entre ses paupières soulevées un regard endormi et toujours mécontent.

Je lui dis : « Puisque nous n’avons que deux chambres, voulez-vous me permettre d’aller avec vous dans la vôtre ? »

Elle répondit : « Faites comme vous voudrez. Ça m’est égal. — Che mi fa ! »

Cette indifférence me blessa : « Alors, ça ne vous est pas désagréable que j’aille avec vous ? »