Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/61

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en répétant : « Entrez donc, monsieur, il faut que je lui dise que vous êtes venu chez nous. »

Et je pénétrai dans une petite salle assez obscure, meublée d’une table et de quelques chaises.

Elle reprit : « Oh ! elle est très heureuse à présent, très heureuse. Quand vous l’avez rencontrée dans le chemin de fer, elle avait un gros chagrin. Son bon ami l’avait quittée à Marseille. Et elle revenait, la pauvre enfant. Elle vous a bien aimé tout de suite, mais elle était encore un peu triste, vous comprenez. Maintenant, rien ne lui manque ; elle m’écrit tout ce qu’elle fait. Il s’appelle M. Bellemin. On dit que c’est un grand peintre chez vous. Il l’a rencontrée en passant ici, dans la rue, oui, monsieur, dans la rue, et il l’a aimée tout de suite. Mais, vous boirez bien un verre de sirop ? Il est très bon. Est-ce vous êtes tout seul cette année ?

Je répondis : « Oui, je suis tout seul. »

Je me sentais gagné maintenant par une envie de rire qui grandissait, mon premier désappointement s’envolant devant les déclarations de Mme Rondoli mère. Il me fallut boire un verre de sirop.

Elle continuait : « Comment vous êtes tout seul ? Oh ! que je suis fâchée alors que Francesca ne soit plus