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les dimanches d’un bourgeois de paris

resplendissaient sous le soleil levant. Patissot se tourna vers son voisin.

— Ce sera une belle fête, dit-il.

Le monsieur lui jeta un regard de travers, et, d’un air rogue :

— C’est ça qui m’est égal !

— Vous n’y prendrez pas part ? demanda l’employé stupéfait.

L’autre remua dédaigneusement la tête et déclara :

— Ils me font pitié avec leur fête ! De quoi la fête ?… Est-ce du gouvernement ?… Je ne le connais pas, le gouvernement, moi, monsieur !

Mais, Patissot, employé du gouvernement lui-même, le prit de haut, et, d’une voix ferme :

— Le gouvernement, monsieur, c’est la République.

Son voisin ne fut pas démonté, et, mettant tranquillement ses mains dans ses poches :

— Eh bien, après ?… Je ne m’y oppose pas. La République ou autre chose, je m’en fiche. Ce que je veux, moi, monsieur, je veux connaître mon gouvernement. J’ai vu Charles X et