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une triste histoire

ouvrit la bouche le premier. Il était amoureux de son côté. Alors il fut convenu qu’on prendrait un autre logement, mais qu’on ne soufflerait mot à notre bon oncle, qui adresserait toujours ses lettres à mon domicile. Ainsi fut fait ; et, huit jours plus tard, Victorine pendait la crémaillère chez moi. On y fit un petit dîner où mon frère amena sa connaissance, et, le soir, quand mon amie eut tout rangé, nous prîmes définitivement possession de notre logis…

Nous dormions peut-être depuis une heure, quand un violent coup de sonnette m’éveilla. Je regarde la pendule : trois heures du matin. Je passe une culotte, et je me précipite vers la porte, en me disant : « C’est un malheur, bien sûr… » C’était mon oncle, monsieur… Il avait sa douillette de voyage, et sa valise à la main :

— Oui, c’est moi, mon garçon ; je viens te surprendre, et passer quelques jours à Paris. Monseigneur m’a donné congé.

Il m’embrasse sur les deux joues, entre, ferme la porte. J’étais plus mort que vif, monsieur. Mais comme il allait pénétrer dans