Page:Maupassant - Les dimanches d'un bourgeois de Paris - Ollendorff, 1906.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
139
essai d’amour

Il lui donna rendez-vous pour le lendemain neuf heures, à la gare Saint-Lazare.

Elle n’y vint pas, mais elle eut la délicatesse d’envoyer une amie à sa place.

C’était une grande fille rousse, habillée patriotiquement en trois couleurs et couverte d’un immense chapeau-tunnel dont sa tête occupait le centre. M. Patissot, un peu désappointé, accepta tout de même ce remplaçant. Et l’on partit pour Maisons-Laffitte, où étaient annoncées des régates et une grande fête vénitienne.

Aussitôt qu’on fut dans le wagon, occupé déjà par deux messieurs décorés et trois dames qui devaient être au moins des marquises, tant elles montraient de dignité, la grande rousse, qui répondait au nom d’Octavie, annonça à Patissot, avec une voix de perruche, qu’elle était très bonne fille, aimant à rigoler et adorant la campagne, parce qu’on y cueille des fleurs et qu’on y mange de la friture : et elle riait d’un rire aigu à casser les vitres, appelant familièrement son compagnon : « Mon gros loup. »

Une honte envahissait Patissot, à qui son titre