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un dîner et quelques idées

qu’une fraîcheur s’en répandait dans le jardin.

Le soir du dîner officiel, tous les invités, l’un après l’autre, s’extasièrent sur la situation du domaine, et chaque fois qu’on entendait, au loin, venir un train, M. Perdrix leur annonçait sa destination : Saint-Germain, le Havre, Cherbourg ou Dieppe, et, par farce, on faisait des signes aux voyageurs penchés aux portières.

Le bureau complet se trouvait là. C’était d’abord M. Capitaine, sous-chef ; M. Patissot commis principal ; puis MM. de Sombreterre et Vallin, jeunes employés élégants qui ne venaient au bureau qu’à leurs heures ; enfin M. Rade, célèbre dans tout le ministère par les doctrines insensées qu’il affichait, et l’expéditionnaire, M. Boivin.

M. Rade passait pour un type. Les uns le traitaient de fantaisiste ou d’idéologue ; les autres, de révolutionnaire ; tout le monde s’accordait à dire que c’était un maladroit. Vieux déjà, maigre et petit, avec un œil vif et de longs cheveux blancs, il avait professé toute sa vie le plus profond mépris pour la besogne administrative.