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les dimanches d’un bourgeois de paris

homme est un maître ; et, dans un grand mouvement lyrique, elle s’écria : « Le peuple a eu son 89, — ayons le nôtre ; l’homme opprimé a fait sa Révolution : le captif a brisé sa chaîne ; l’esclave indigné s’est révolté. Femmes, imitons nos despotes. Révoltons-nous ; brisons l’antique chaîne du mariage et de la servitude ; marchons à la conquête de nos droits ; faisons aussi notre révolution. »

Elle s’assit au milieu d’un tonnerre d’applaudissements ; et le nègre, délirant de joie, se tapait le front contre ses genoux en poussant des cris aigus.

La citoyenne nihiliste russe Éva Schourine se leva, et, d’une voix perçante et féroce :

— Je suis Russe, dit-elle. J’ai levé l’étendard de la révolte ; cette main a frappé les oppresseurs de ma patrie ; et, je le déclare à vous, femmes françaises qui m’écoutez, je suis prête, sous tous les soleils, dans toutes les parties de l’Univers, à frapper la tyrannie de l’homme, à venger partout la femme odieusement opprimée. »