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pêche à la ligne

souffrait comme d’un désastre ; seul le gros monsieur, toujours immobile, fumait tranquillement, sans s’occuper de sa ligne. À la fin, Patissot, navré, se tourna vers lui, et, d’une voix triste :

— Ça ne mord pas ?

L’autre répondit simplement :

— Parbleu !

Patissot, étonné, le considéra.

— En prenez-vous quelquefois beaucoup ?

— Jamais !

— Comment, jamais ?

Le gros homme, tout en fumant comme une cheminée de fabrique, lâcha ces mots, qui révolutionnèrent son voisin :

— Ça me gênerait rudement si ça mordait. Je ne viens pas pour pêcher, moi, je viens parce qu’on est très bien ici : on est secoué comme en mer ; si je prends une ligne, c’est pour faire comme les autres.

M. Patissot, au contraire, ne se trouvait plus bien du tout. Son malaise, vague d’abord, augmentant toujours, prit une forme enfin. On