Page:Maupassant - Les femmes, paru dans Gil Blas, 29 octobre 1881.djvu/7

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Elles ne sont plus, en notre pays, les reines triomphantes de la société, soit ! mais est-on sûr qu’elles ne soient point toujours les maîtresses invisibles des événements ? Qui pourrait assurer que leurs petites mains délicates ont cessé de conduire la grosse charrette de la politique ? Elles ont, je le sais, un rival terrible : l’argent. Les poètes jadis rimaient pour elles. Ils riment aujourd’hui à tant le vers ! Cependant elles sont puissantes encore, puissantes toujours.

Entrons chez elles. Il est dans Paris des salons, des salons discrets souvent, des petits salons du quatrième où viennent aboutir bien des fils. Il est des femmes d’allure modeste, qui, par trois mots signés d’un petit nom, peuvent faire sauter des préfets, déplacer des généraux, agiter comme des fourmilières les vastes ministères pleins d’employés.

Il en est d’autres plus brillantes en qui demeure, quoi qu’on dise, toute la séduction légendaire de la Française. Il en est d’autres… Il en est d’autres encore.

Nous entrerons bientôt ensemble, si vous le voulez bien, dans quelques-uns de ces Salons parisiens.

maufrigneuse