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LES INCONNUES




Il n’est point d’écrivain qui n’ait ses inconnues. De temps en temps il trouve dans la case qui porte son nom au journal, ou bien il reçoit par l’intermédiaire de son éditeur une petite lettre parfumée, avec un chiffre élégant. Il l’ouvre avec un sourire, mais sans étonnement, et lit : « Monsieur, grande admiratrice de votre talent, j’éprouve le besoin de vous dire tout le plaisir que je ressens à vous lire, etc., etc. »

Puis elle demande pardon de faire perdre un temps si précieux ; mais, vraiment, elle voudrait bien un mot de réponse, rien qu’un mot ; et la lettre se termine par des sous-entendus de toute nature. Ces sous-entendus dépendent de l’âge et de la condition de celle qui écrit ; car il existe beaucoup de catégories d’inconnues.

Parlons d’abord des inconnues étrangères. Ce sont généralement des toquées,