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Page:Maupassant - Les vieilles, paru dans Le Gaulois, 25 juin 1882.djvu/2

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LES VIEILLES




Est-il au monde rien de plus adorable qu’une vieille femme, une vieille femme qui fut jolie, coquette, séduisante, aimée, et qui sait rester femme, mais femme d’autrefois, coquette encore, mais d’une coquetterie d’aïeule ?

Si la jeune femme est charmante, la vieille n’est-elle pas exquise ? Et près d’elle n’éprouve-t-on pas quelque chose d’indéfinissable, comme une sorte d’amour non pour ce qu’elle est, mais pour ce qu’elle fut, et une sorte de vraie tendresse, de tendresse délicate, de tendresse pleine de regrets, de tendresse galante et vénérante, raffinée, apitoyée un peu, pour cette femme qui survit dans une autre, oubliée, morte, détruite, qu’aimèrent des hommes, que baisèrent des lèvres affolées, pour qui l’on rêva, l’on se battit, l’on passa des nuits fiévreuses, pour qui souffrirent des âmes et battirent des cœurs.

Ceux qui aiment vraiment les femmes, qui les aiment en tout, des pieds à la tête, pour cela seul qu’elles sont femmes, ceux qui ne peuvent voir sans frissonner les petits cheveux frisés des nu-