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MADELEINE-BASTILLE



Un volume a suffi à Chateaubriand pour raconter l’itinéraire de Paris à Jérusalem ; mais combien de temps et de volumes faudrait-il pour achever d’écrire un voyage de la Madeleine à la Bastille !

Dans cette grande artère ouverte qu’on appelle les boulevards, et où bat le sang de Paris, une vie prodigieuse s’agite, un remuement d’idées comme il n’en existe nulle part, un bouillonnement d’humanité, un pêle-mêle de tout ce qui se précipite à ce rendez-vous universel.

Voici l’hiver et les froids ; c’est la saison tumultueuse du gaz et du boulevard, après la saison tranquille des bois et des bains de mer. Et de même qu’au mois de juin Paris s’en va à tous les coins du monde, ainsi au retour de novembre on vient de Paris de tous les coins de la terre. Mais Paris, pour l’étranger comme pour nous, c’est le boulevard, de la Madeleine au Château-d’Eau.