Page:Maupassant - Mademoiselle Fifi, OC, Conard, 1909.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Puis il lui dit :

« Confesse-toi à monsieur ; ta dernière heure a sonné. »

« Éperdu, le vieux gredin se mit à crier : « Au secours ! » avec une telle force qu’on fut contraint de le bâillonner pour ne pas réveiller tous les voisins. Alors il se roula par terre, ruant et se tordant, renversant les meubles, crevant les toiles. À la fin, Sorieul impatienté, cria : « Finissons-en. » Et visant le misérable étendu par terre, il pressa la détente de son pistolet. Le chien tomba avec un petit bruit sec. Emporté par l’exemple, je tirai à mon tour. Mon fusil, qui était à pierre, lança une étincelle dont je fus surpris.

« Alors Le Poittevin prononça gravement ces paroles : « Avons-nous bien le droit de tuer cet homme ? »

« Sorieul, stupéfait, répondit : « Puisque nous l’avons condamné à mort ! »

« Mais Le Poittevin reprit : « On ne fusille pas les civils, celui-ci doit être livré au bourreau. Il faut le conduire au poste. »

« L’argument nous parut concluant. On ramassa l’homme, et comme il ne pouvait marcher, il fut placé sur une planche de table à modèle, solidement attaché, et je l’emportai