Page:Maupassant - Mademoiselle Fifi, OC, Conard, 1909.djvu/260

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« Dépêchons-nous, dit-elle, parce que ma bonne pourrait rentrer. »

Je répondis : « Je veux bien me dépêcher. Qu’est-ce qu’il faut faire ? »

Alors, elle se mit à rire et riposta : « Tu ne comprends pas, gros malin ? »

Je n’y étais plus, mon cap’taine, parole d’honneur.

Ell’ vint s’asseoir tout près de moi, et me dit : « Si tu répètes un mot de tout ça, je te ferai mettre en prison. Jure que tu seras muet. »

Je lui jurai ce qu’ell’ voulut. Mais je ne comprenais toujours pas. J’en avais la sueur au front. Alors je retirai mon casque ousqu’était mon mouchoir. Elle le prit, mon mouchoir, et m’essuya les cheveux des tempes. Puis v’là qu’ell’ m’embrasse et qu’ell’ me souffle dans l’oreille :

« Alors, tu veux bien ? »

Je répondis : « Je veux bien ce que vous voudrez, madame, puisque je suis venu pour ça. »

Alors ell’ se fit comprendre ouvertement par des manifestations. Quand j’ vis de quoi il s’agissait, je posai mon casque sur une chaise et je lui montrai que dans les dragons on ne recule jamais, mon cap’taine.