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à cheval

Hector l’eut reçue de ses mains, il s’adressa de loin à sa femme :

« Empêche donc les enfants de crier comme ça ; tu me ferais emporter ! »

On déjeuna sur l’herbe, dans le bois du Vésinet, avec les provisions déposées dans les coffres.

Bien que le cocher prît soin des trois chevaux, Hector à tout moment se levait pour aller voir si le sien ne manquait de rien ; et il le caressait sur le cou, lui faisant manger du pain, des gâteaux, du sucre.

Il déclara :

« C’est un rude trotteur. Il m’a même un peu secoué dans les premiers moments ; mais tu as vu que je m’y suis vite remis : il a reconnu son maître, il ne bougera plus maintenant. »

Comme il avait été décidé, on revint par les Champs-Élysées.

La vaste avenue fourmillait de voitures. Et sur les côtés, les promeneurs étaient si nombreux qu’on eût dit deux longs rubans noirs se déroulant, depuis l’Arc de Triomphe jusqu’à la place de la Concorde. Une averse de soleil tombait sur tout ce monde, faisait étinceler le vernis des calèches, l’acier des harnais, les poignées des portières.