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le voleur

Depuis vingt minutes au moins on fouillait tous les coins et recoins de l’atelier, sans succès, quand Le Poittevin eut l’idée d’ouvrir un immense placard. Il était sombre et profond, j’avançai mon bras qui tenait la lumière, et je reculai stupéfait ; un homme était là, un homme vivant, qui m’avait regardé.

Immédiatement, je refermai le placard à deux tours de clef, et on tint de nouveau conseil.

Les avis étaient très partagés. Sorieul voulait enfumer le voleur, Le Poittevin parlait de le prendre par la famine. Je proposai de faire sauter le placard avec de la poudre.

L’avis de Le Poittevin prévalut ; et, pendant qu’il montait la garde avec son grand fusil, nous allâmes chercher le reste du punch et nos pipes ; puis on s’installa devant la porte fermée, et on but au prisonnier.

Au bout d’une demi-heure, Sorieul dit : « C’est égal, je voudrais bien le voir de près. Si nous nous emparions de lui par la force ? »

Je criai : « Bravo ! » Chacun s’élança sur ses armes ; la porte du placard fut ouverte, et Sorieul, armant son pistolet qui n’était pas chargé, se précipita le premier.