Page:Maupassant - Mademoiselle Fifi.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

manger du pain, des gâteaux, du sucre.

Il déclara :

« C’est un rude trotteur. Il m’a même un peu secoué dans les premiers moments ; mais tu as vu que je m’y suis vite remis : il a reconnu son maître, il ne bougera plus maintenant. »

Comme il avait été décidé, on revint par les Champs-Élysées.

La vaste avenue fourmillait de voitures. Et, sur les côtés, les promeneurs étaient si nombreux qu’on eût dit deux longs rubans noirs se déroulant, depuis l’Arc de Triomphe jusqu’à la place de la Concorde. Une averse de soleil tombait sur tout ce monde, faisait étinceler le vernis des calèches, l’acier des harnais, les poignées des portières.

Une folie de mouvement, une ivresse de vie semblait agiter cette foule de gens, d’équipages et de bêtes. Et l’Obélisque, là-bas, se dressait dans une buée d’or.