Aller au contenu

Page:Maupassant - Miss Harriet - Ollendorff, 1907.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
93
l’héritage

bonne ne la quittera pas pendant que nous mangerons. »

Et il la suivit dans l’appartement voisin.

Cachelin était déjà à table, attendant sa fille et son gendre. Un poulet froid, une salade de pommes de terre et un compotier de fraises étaient posés sur le dressoir, et la soupe fumait dans les assiettes.

On s’assit. Cachelin déclara : « Voilà des journées comme je n’en voudrais pas souvent. Ça n’est pas gai. » Il disait cela avec un ton d’indifférence dans l’accent et une sorte de satisfaction sur le visage. Et il se mit à dévorer en homme de grand appétit, trouvant le poulet excellent et la salade de pommes de terre tout à fait rafraichissante.

Mais Lesable se sentait l’estomac serré et l’âme inquiète, et il mangeait à peine, l’oreille tendue vers la chambre voisine, qui demeurait silencieuse comme si personne ne s’y fût trouvé. Cora n’avait pas faim non plus, émue, larmoyante, s’essuyant un œil de temps en temps avec un coin de sa serviette.

Cachelin demanda : « Qu’a dit le chef ? »

Et Lesable donna des détails, que son beau-père voulait minutieux, qu’il lui faisait répéter, insistant pour tout savoir comme s’il eût été absent du ministère pendant un an.

« Ça a dû faire une émotion quand on a su