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l’âne

Labouise reprit :

— Ça s’peut bien, ça ou autre chose ? Un chevreuil ?… oui… C’est p’t-être pu gros ? Comme qui dirait une biche. Oh ! j’te dis pas qu’c’est une biche, vu que j’l’ignore, mais ça s’peut !

Le gargotier insistait :

— P’t-être un cerf ?

Labouise étendit la main :

— Ça, non ! Pour un cerf, c’est pas un cerf, j’te trompe pas, c’est pas un cerf. J’l’aurais vu, attendu les bois. Non pour un cerf, c’est pas un cerf.

— Pourquoi que vous l’avez pas pris ? demanda l’homme.

— Pourquoi, ma sœur, parce que je vendons sur place, désormais. J’ai preneur. Tu comprends, on va flâner par là, on trouve la chose, on s’en empare. Pas de risques pour Bibi. Voilà.

Le fricotier, soupçonneux, prononça :

— S’il n’y était pu, maintenant.

Mais Labouise leva de nouveau la main :

— Pour y être, il y est, je te l’promets, je te le jure. Dans le premier buisson à gauche. Pour ce que c’est, je l’ignore. J’sais que c’est pas un cerf, ça, non, j’en suis sûr. Pour le reste, à toi d’y aller voir. C’est vingt francs sur place, ça te va-t-il ?

L’homme hésitait encore :

— Tu ne pourrais pas me l’apporter ?