Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/22

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Il la touchait déjà ! Elle lui jeta par la face :

— Monsieur peut me battre s’il veut, moi qui l’ai élevé ; ça n’empêchera pas que sa femme le trompe et que son enfant n’est pas de lui !…

Il s’arrêta tout net, laissa retomber ses bras ; et il restait en face d’elle tellement éperdu qu’il ne comprenait plus rien.

Elle ajouta : — Il suffit de regarder le petit pour reconnaître le père, pardi ! c’est tout le portrait de M. Limousin. Il n’y a qu’à regarder ses yeux et son front. Un aveugle ne s’y tromperait pas…

Mais il l’avait saisie par les épaules et il la secouait de toute sa force, bégayant : « Vipère… vipère ! Hors d’ici, vipère !… Va-t’en ou je te tuerais !… Va-t’en ! Va-t’en !… »

Et d’un effort désespéré il la lança dans la pièce voisine. Elle tomba sur la table servie dont les verres s’abattirent et se cassèrent ; puis, s’étant relevée, elle mit la table entre elle et son maître, et, tandis qu’il la poursuivait