Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/250

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L’abbé tenait dans ses mains un petit enfant tout nu. Il le regardait avec des yeux effarés ; il semblait content et désolé, prêt à rire et prêt à pleurer ; on l’aurait cru fou, tant sa figure exprimait de choses par le jeu rapide des yeux, des lèvres et des joues.

Il déclara, comme s’il eût annoncé à ses élèves une grande nouvelle :

— C’est un garçon.

Puis aussitôt il reprit :

— Monsieur de Sarcagnes, passez-moi la bouteille d’eau qui est dans le filet. — Bien. — Débouchez-la. — Très bien. — Versez-m’en quelques gouttes dans la main, seulement quelques gouttes. — Parfait.

Et il répandit cette eau sur le front nu du petit être qu’il portait, en prononçant :

« Je te baptise, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. »

Le train entrait en gare de Clermont. La figure de madame de Bridoie apparut à la portière. Alors l’abbé, perdant la tête, lui présenta la frêle bête humaine qu’il venait de