Taitbout. C’était moi, dans cette voiture-là ? J’étais bien enveloppée et la figure voilée. Donc, tout d’un coup, un monsieur passa sa tête à la portière, et il dit : « C’est vous ? »
Je réponds tout bas : « Oui, c’est moi, montez vite. »
Il monte ; et moi je le saisis dans mes bras et je l’embrasse, mais je l’embrasse à lui couper la respiration ; puis je reprends :
— Oh ! que je suis heureuse ! que je suis heureuse !
Et, tout d’un coup, je crie :
— Mais ce n’est pas toi ! Oh ! mon Dieu ! Oh ! mon Dieu ! Et je me mets à pleurer.
Tu juges si voilà un homme embarrassé ! Il cherche d’abord à me consoler ; il s’excuse, proteste qu’il s’est trompé aussi !
Moi, je pleurais toujours, mais moins fort ; et je poussais de gros soupirs. Alors il me dit des choses très douces. C’était un homme tout à fait comme il faut ; et puis ça l’amusait maintenant de me voir pleurer de moins en moins.