Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/287

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Quelques hommes ont parfois deviné cette souffrance atroce.

Musset s’est écrié :


Qui vient ? Qui m’appelle ? Personne.
Je suis seul. — C’est l’heure qui sonne.

Ô solitude ! — Ô pauvreté !


Mais, chez lui, ce n’était là qu’un doute passager, et non pas une certitude définitive, comme chez moi. Il était poète ; il peuplait la vie de fantômes, de rêves. Il n’était jamais vraiment seul. — Moi, je suis seul !

Gustave Flaubert, un des grands malheureux de ce monde, parce qu’il était un des grands lucides, n’écrivit-il pas à une amie cette phrase désespérante : « Nous sommes tous dans un désert. Personne ne comprend personne. »

Non, personne ne comprend personne, quoi qu’on pense, quoi qu’on dise, quoi qu’on tente. La terre sait-elle ce qui se passe dans ces étoiles que voilà, jetées comme une graine de feu à travers l’espace, si loin que