Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/60

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il se recouchait désespéré, ayant réfléchi que l’amant aussi mentirait sans doute ! Il mentirait même certainement pour empêcher le père véritable de reprendre son enfant.

Alors que faire ? Rien !

Et il se désolait d’avoir ainsi brusqué les événements, de n’avoir point réfléchi, patienté, de n’avoir pas su attendre et dissimuler, pendant un mois ou deux, afin de se renseigner par ses propres yeux. Il aurait dû feindre de ne rien soupçonner, et les laisser se trahir tout doucement. Il lui aurait suffi de voir l’autre embrasser l’enfant pour deviner, pour comprendre. Un ami n’embrasse pas comme un père. Il les aurait épiés derrière les portes ! Comment n’avait-il pas songé à cela ? Si Limousin, demeuré seul avec Georges, ne l’avait point aussitôt saisi, serré dans ses bras, baisé passionnément, s’il l’avait laissé jouer avec indifférence, sans s’occuper de lui, aucune hésitation ne serait demeurée possible : c’est qu’alors il n’était pas, il ne se croyait pas, il ne se sentait pas le père.