Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/66

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Après chaque repas, il sirotait ainsi, pendant plus d’une heure, trois ou quatre petits verres qui l’engourdissaient peu à peu. Alors il penchait la tête sur son ventre, fermait les yeux et somnolait. Il se réveillait vers le milieu de l’après-midi, et tendait aussitôt la main vers le bock que le garçon avait posé devant lui pendant son sommeil ; puis, l’ayant bu, il se soulevait sur la banquette de velours rouge, relevait son pantalon, rabaissait son gilet pour couvrir la ligne blanche aperçue entre les deux, secouait le col de sa jaquette, tirait les poignets de sa chemise hors des manches, puis reprenait les journaux qu’il avait déjà lus le matin.

Il les recommençait, de la première ligne à la dernière, y compris les réclames, demandes d’emploi, annonces, cote de la Bourse et programmes des théâtres.

Entre quatre et six heures il allait faire un tour sur les boulevards, pour prendre l’air, disait-il ; puis il revenait s’asseoir à la place qu’on lui avait conservée et demandait son absinthe.