Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/90

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qu’il se taise ; empêche-le, qu’il ne dise pas cela devant mon fils !

Limousin, à son tour, s’était levé. Il murmura, d’une voix très basse :

— Taisez-vous. Taisez-vous. Comprenez donc ce que vous faites.

Parent reprit avec emportement :

— Je le sais bien, ce que je fais. Ce n’est pas tout. Il y a une chose que je veux savoir, une chose qui me torture depuis vingt ans.

Puis, se tournant vers Georges, éperdu, qui s’était appuyé contre un arbre :

— Écoute, toi : Quand elle est partie de chez moi, elle a pensé que ce n’était pas assez de m’avoir trahi ; elle a voulu encore me désespérer. Tu étais toute ma consolation ; eh bien, elle t’a emporté en me jurant que je n’étais pas ton père, mais que ton père, c’était lui ! A-t-elle menti ? je ne sais pas. Depuis vingt ans je me le demande.

Il s’avança tout près d’elle, tragique, terrible, et, arrachant la main dont elle se couvrait la face : — Eh bien ! je vous somme