Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/134

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Il n’avait plus avec elle les mêmes manières que dans les premiers jours ; il était moins rieur, moins brusque, moins camarade, mais plus respectueux et plus empressé.

Leurs conversations cependant prenaient une allure intime, et les choses du cœur y tenaient une grande place. Il parlait de sentiment et d’amour en homme qui connaît ces sujets, qui a sondé la tendresse des femmes et qui leur doit autant de bonheur que de souffrance.

Elle, ravie, un peu émue, le poussait aux confidences, avec une curiosité ardente et rusée. Tout ce qu’elle savait de lui éveillait en elle un désir aigu d’en connaître davantage, de pénétrer, par la pensée, dans une de ces existences d’hommes entrevues par les livres, dans une de ces existences pleines d’orages et de mystères d’amour.

Poussé par elle il lui disait chaque jour un peu plus de sa vie, de ses aventures et de ses chagrins avec une chaleur de parole que les brûlures de son souvenir rendaient parfois passionnée, et que le désir de plaire faisait astucieuse aussi.

Il ouvrait devant ses yeux un monde inconnu et trouvait des mots éloquents pour exprimer les subtilités du désir et de l’attente,