Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/159

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Elle avait soin, cependant, de ne jamais s’écarter avec lui.

Or, un soir, le samedi de la même semaine où ils avaient été au gourd de Tazenat, comme ils remontaient à l’hôtel, vers dix heures, le marquis, Christiane et Paul, car ils avaient laissé Gontran jouant à l’écarté avec MM. Aubry-Pasteur, Riquier et le docteur Honorat, dans la grande salle du Casino, Brétigny s’écria, en apercevant la lune qui apparaissait à travers les branches :

— Comme ce serait joli d’aller voir les ruines de Tournoël par une nuit comme celle-ci !

À cette seule pensée, Christiane fut émue, la lune et les ruines ayant sur elle la même influence que sur presque toutes les âmes de femmes.

Elle pressa la main du marquis :

— Oh, petit père, si tu voulais ?

Il hésitait, ayant grande envie de se coucher.

Elle insista :

— Songe donc, c’est déjà si beau de jour, Tournoël ! Tu disais toi-même que tu n’avais jamais vu une ruine aussi pittoresque, avec cette grande tour au-dessus du château ! Qu’est-ce que ça doit être la nuit ?

Il consentit enfin :