Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/212

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mande un tact très grand. Les premiers qui ont employé ce procédé nouveau l’ont fait brutalement, attirant l’attention par le bruit, par les coups de grosse caisse et les coups de canon. Mangin, messieurs, ne fut qu’un précurseur. Aujourd’hui, le tapage est suspect, les affiches voyantes font sourire, les noms criés par les rues éveillent plus de méfiance que de curiosité. Et cependant, il faut attirer l’attention publique et, après l’avoir frappée, il faut la convaincre. L’art consiste donc à découvrir le moyen, le seul moyen qui peut réussir, étant donné ce qu’on veut vendre. Nous autres, messieurs, nous voulons vendre de l’eau. C’est par les médecins que nous devons conquérir les malades.

Les médecins les plus célèbres, messieurs, sont des hommes comme nous, qui ont des faiblesses comme nous. Je ne veux pas dire qu’on pourrait les corrompre. La réputation des illustres maîtres dont nous avons besoin les met à l’abri de tout soupçon de vénalité ! Mais quel est l’homme qu’on ne peut gagner, en s’y prenant bien ? Il est aussi des femmes qu’on ne saurait acheter ! Celles-là, il faut les séduire.

Voici donc, messieurs, la proposition que je vais vous faire, après l’avoir longuement discutée avec M. le docteur Latonne :